
“Un intérêt particulier pour les morts” de Ann Granger, paru aux éditions 10-18. Photo Monia Boubaker.
Étant plus jeune, j’aimais énormément lire des romans policiers historiques comme ceux d’Agatha Christie et Arthur Conan Doyle bien sûr, mais aussi ceux de John Dickson Carr dont j’appréciais beaucoup le personnage principal, Sir Henry Merrivale. Cette envie m’étant revenue il y a quelques mois, je souhaitais cette fois de revenir à une époque encore plus ancienne, si possible à Londres, et me balader à travers un bon roman (policier, évidemment, vous vous en doutez 😉 ) au temps des fiacres et des grandes robes en popeline. Un souhait qui fût exaucé avec « Un intérêt particulier pour les morts » d’Ann Granger !
Pour commencer, la couverture de cette édition poche est vraiment très belle, et j’ai tout particulièrement aimé cette petite illustration qui précède le nom de l’auteure et le titre, où une ombrelle croise une loupe de détective au milieu d’une jolie arabesque ! J’aime ce genre de détails !
Quelques mots de l’histoire :
Londres, 1854. N’ayant plus de ressources après la mort de son père, Elizabeth Martin, -dite Lizzie- accepte un emploi de dame de compagnie chez une riche veuve, Mrs Parry.
Lizzie, à peine arrivée dans la grande demeure de Dorset Square, dans le quartier de Marylebone, apprend qu’elle remplace en fait l’ancienne demoiselle de compagnie, Miss Madeleine Hexham, qui s’est apparemment enfuie un matin, et sans dire un mot, avec un bel inconnu. Mais lorsque le cadavre de la pauvre Madeleine est retrouvé dans une maison sur le point d’être démolie, Lizzie décide de mener sa propre enquête, grâce à laquelle elle retrouvera Benjamin Ross, un ami d’enfance devenu Inspecteur.
[…]
– Je suis fille de médecin, lui appris-je. Et mon père était souvent appelé pour des accidents à la…
Je m’interrompis. J’allais dire à la mine, mais ici on était à Londres, pas dans le Derbyshire. Que savaient ces hommes des mines de charbon ?
– À la demande des autorités.
– Oui, miss, je vois, fit le cocher.
Je compris toutefois qu’on oublierait pas de sitôt mon manque de retenue.
“Allons, Lizzie ! me morigénai-je. Tiens ta langue ! On est à Londres et on n’y pratique assurément pas la même franchise qu’en province. Si même ce cocher est scandalisé, quelles terribles gaffes risques-tu de commettre en société face à des personnes plus délicates ? “
L’ouvrier, quant à lui, parut amusé par cet échange.
– Dieu vous bénisse, miss ! s’écria-t-il avec entrain. Ce n’est pas un vieux cadavre, c’est un neuf.
Slater lui grommela de se taire, mais puisque ma curiosité inavouable pour cet événement lui avait déjà donné mauvais opinion de moi, je pouvais tout aussi bien poursuivre.
– Que voulez-vous dire ? C’est un accident alors ? demandais-je.
– On a découvert le cadavre d’une femme dans une des maisons démolies, repartit-il avec gourmandise. Un horrible assassinat. On l’avait dissimulé sous une vieille tête de lit. Elle y était depuis quelques semaines, paraît-il. Elle était verte comme un chou et les rats…
– Assez ! tonna le cocher alors que je me sentais pâlir, et coupant ainsi court aux détails déplaisants.
Il eut toutefois l’air satisfait de constater que ces quelques informations s’étaient révélées trop pénibles pour moi. Il me lança un regard qui signifiait : “Voilà qui vous servira de leçon, miss, à vous qui semblez instruite de sujets dont une dame devrait tout ignorer.”
L’agent de police qui réglait la circulation m’évita de perdre totalement la face.
– Avancez ! nous cria-t-il.
L’attente était terminée. Mr Slater regagna son poste, siffla son cheval et nous repartîmes. Je me rassis et reposai sur la banquette mon carton à chapeaux tombé par terre en essayant de m’ôter de l’esprit la description macabre de l’ouvrier. […]
J’ai été captivée par cette histoire du début à la fin et ai vraiment apprécié tous les personnages, particulièrement celui de Lizzie Martin ! J’ai aimé son répondant, son audace, son comportement un peu avant-gardiste en comparaison de celui des autres femmes de l’époque. Une jeune femme indépendante qui tient à sa liberté d’expression comme à sa liberté d’action, et qui affiche ses connaissances dans des domaines jugés peu recommandables pour les femmes.
L’auteure a choisi la première personne du singulier pour Lizzie Martin et Benjamin Ross, qui s’expriment tour à tour tout au long du livre, pour mieux se retrouver, ensemble, dans quelques autres chapitres. J’ai bien aimé ce parti pris, qui je trouve, donne une vision plus détaillée et plus complète au lecteur.
J’ai trouvé le lien avec l’inspecteur Benjamin Ross intéressant ; cet ami d’enfance qu’elle retrouve après de longues années, grâce à cette enquête. Le dernier chapitre suggère qu’ils continueront à se voir, ce qui me ravit !
Vous pouvez déjà le deviner, j’ai pris beaucoup de plaisir à lire cette première enquête de Lizzie Martin ! Les descriptions précises, les dialogues délicats, travaillés, retranscrivent de façon parfaite l’ambiance du Londres du XIXe siècle. De plus, l’intrigue bien maîtrisée tient la longueur, et l’humour subtil est la petite touche qui vient parfaire cet ensemble de qualité.
Une série que je poursuivrai, sans aucun doute ! Ann Granger m’a convaincue, et il me tarde de retrouver à nouveau Lizzie Martin et Benjamin Ross !
J’adore cette série ! J’ai lu les 3 premiers et la 4ème attend sagement dans ma PAL 🙂 Tu vas te régaler avec les suivants !
Je crois bien !! En tous cas, tout m’a plu dans cette lecture ! 🙂
J’aime beaucoup les romans historiques et particulièrement ceux qui se passent à Londres. L’ambiance me plaît beaucoup et bien que je ne sois pas fan de roman policier, je pourrais me laisser tenter…
Merci de ce partage.
Bon week-end
Avec plaisir ! Contente que ça t’ai donné une idée de lecture ! 🙂 Bon week-end à toi aussi 🙂
Je le note car j’aime aussi les policiers historiques!
🙂