La première fois que j’ai lu le nom de Sophie Hannah et que j’ai eu envie de découvrir sa plume, c’est lorsque j’ai appris qu’elle reprenait le personnage d’Hercule Poirot avec : « Meurtres en majuscules ». Je ne l’ai pas encore lu du coup, mais lorsqu’à la bouquinerie je suis tombée sur « Les monstres de Sally », l’histoire me tentait beaucoup, et je me suis dit que ce serait un premier livre pour découvrir cette auteure, avant de me jeter sur le Hercule Poirot !

“Les monstres de Sally” de Sophie Hannah, paru aux éditions Le Livre de Poche. Photo Monia Boubaker.

Encore un excellent thriller que « Les monstres de Sally » !

Mère de famille à l’existence plutôt routinière mais bien remplie, Sally Thorning est un rien débordée avec ses trois enfants, son travail, sa vie de couple… Et puis un jour, elle entend au journal du soir le nom d’un homme, avec qui, un an plus tôt, elle a eu une aventure. Rentré d’un voyage d’affaires, il a découvert sa femme et sa fille mortes. Mais lorsque son visage apparaît à l’écran, Sally s’aperçoit qu’il n’est pas l’homme avec qui elle a passé ces quelques jours à l’hôtel. Pourtant, tous les détails mentionnés sont exacts : son nom, son métier, son âge. Elle est alors persuadée que cet homme qui parle actuellement aux journalistes, n’est pas Mark Bretherick. Mais comment en informer la police tout en protégeant sa famille de cette erreur qu’elle a commis un an auparavant ?

Ce que j’aime principalement dans ce genre d’histoire, c’est que le personnage principal n’est ni flic, ni détective, mais une personne comme vous et moi. Sally Thorning a une vie plutôt banale, jusqu’au jour où tout bascule…

Dès les premières pages, on entre dans la vie de Sally, et avec beaucoup de précision. C’est un peu comme si quelqu’un sautait dans une piscine à quelques centimètres de vous : vous êtes éclaboussés et déjà tellement mouillés que vous n’avez d’autre choix que de plonger vous aussi. C’est exactement ça : vous plongez dans la vie de Sally, vous entrez dans ses pensées, ses réflexions et vous ressentez toutes ses émotions, ses inquiétudes.

(…) Ma robe est déchirée, sale. J’ai les genoux et les bras écorchés. Par endroits, la peau me brûle. Un homme m’accable d’injures. À première vue, il porte un pyjama beige avec un drôle d’insigne; il me faut quelques secondes pour me rendre compte qu’il s’agit du chauffeur de bus, mon meurtrier ou peu s’en faut. Des gens lui crient de me laisser tranquille. J’observe, écoute, je me sens à peine concernée. Décidément, c’est la journée des cris. Je tente de sourire aux deux femmes qui se sont proposées pour me secourir. Elles m’incitent à me lever en me prenant par les bras.

« Tout va bien, vraiment. Je crois que je n’ai rien.

« Vous ne pouvez pas rester assise au beau milieu de la rue, mon petit », fait l’une d’elles.

Je ne suis pas encore prête à bouger. Je sais bien que je ne peux pas rester en pleine rue – l’équipe du Consorzio va arriver, je dois préparer le dîner pour Nick et les enfants -, mais j’ai l’impression que mes membres sont soudés au bitume. Je me mets à rire nerveusement. Je suis passée à un cheveu de la mort.

« Je viens de me faire écraser. J’ai le droit de rester là quelques minutes, quand même. » (…)

En lisant les tous premiers chapitres, bien que je n’ai pas d’enfant, j’ai vraiment ressenti la façon dont elle vivait (ou subissait ?) son quotidien. Coincée entre ses enfants, son travail, et un mari désordonné qui éparpille les choses presque aussi bien que ses trois enfants réunis.

(…) Les yeux rivés sur l’écran, je tente de me concentrer sur la voix off qui m’apprend que Mark Bretherick, époux de Géraldine et père de Lucy, a trouvé leurs corps en rentrant d’un voyage d’affaires. Et qu’il est hors de soupçon. Nick revient aux infos. Il croit que je m’y intéresse parce que c’est le genre de nouvelle qui me plaît, un fait divers et pas de la politique, parce que la morte est mère de famille, qu’on se ressemble comme deux gouttes d’eau et qu’elle vivait près de chez nous. Quant à la fillette… Je relis la légende, essayant de recueillir autant d’éléments que possible pour dissiper le brouillard opaque qui envahit mes pensées. J’ai peut-être mal compris, c’est peut-être l’émotion… Mais non, il y a bien écrit : décès. Lucy Bretherick est morte aussi. (…)

La vie de Sally s’effondre, et tourne au cauchemar lorsqu’elle décide de se mêler de la vie de Mark Bretherick ainsi que de la mort de sa femme et sa fille.

Dans ce livre, Sophie Hannah nous montre très bien comment la première décision que l’on prend peut être le premier domino qui fera tomber tous les autres, avec son lot de conséquences.

Au fur et à mesure de la lecture, des éléments apparaissent, s’entremêlent. Des faits qui semblaient indépendants, isolés au départ, se recoupent à un moment donné pour éclairer enfin le lecteur. Jusqu’à la dernière partie, qui m’a tout de même fait froid dans le dos.

« Les monstres de Sally » est un thriller vraiment bien ficelé et très bien rythmé qui permet aussi de voir d’un autre œil la relation mère/enfant et plus précisément la relation mère au foyer/enfant. Un rapport qui peut parfois être difficile et qui ne se révèle pas forcément être pour tout le monde une suite de journée merveilleuses…

Un thriller que j’ai adoré et lu très vite. Je me suis beaucoup attachée au personnage, et j’étais à chaque fois impatiente de l retrouver et de connaître la suite. « Les monstres de Sally » a été pour moi le premier livre de Sophie Hannah, et je peux vous assurer que ce ne sera pas le dernier !